\section{Hymnes du commun des saints} \subsection{Pour les apôtres et les évangélistes \\ hors du temps pascal} \paragraph{À Vêpres et à Laudes} Aux célestes concerts mêlons d'ici les nôtres, Que la terre avec joie en puisse retentir : L'ange célèbre au ciel la gloire des apôtres, C'est à nos voix d'y repartir. Juges de l'univers, véritables lumières Dont le monde éclairé bénit les sacrés feux, C'est à vous que nos cœurs adressent leurs prières : Recevez-en les humbles vœux. Les clefs du paradis sont en votre puissance, Par vous sa porte s'ouvre, et se ferme par vous ; D'un seul mot aux pécheurs vous rendez l'innocence : Parlez, et nous sommes absous. Sous quelque infirmité que les hommes languissent, Votre ordre les guérit ou les laisse abattus : Rendez aux bonnes mœurs, qui dans nous s'affoiblissent, La sainte vigueur des vertus, Afin que quand Dieu même en son lit de justice Décidera du monde, et finira les temps, Il prononce pour nous un arrêt si propice, Qu'il nous laisse à jamais contents. Gloire au Père éternel ! Gloire au Fils ineffable ! Gloire toute pareille a l'Esprit tout divin, Qui procédant des deux, et comme eux immuable, Avec tous deux règne sans fin ! \paragraph{À Matines} Que les dons éternels du monarque des anges, Saints apôtres, ses favoris, Occupent notre bouche à de justes louanges Pour vous qu'il a le plus chéris. Son grand choix vous a faits princes de nos églises, Chefs des plus triomphants combats, De ce vaste univers les lumières exquises, Et du vrai Dieu les vrais soldats. En vous on voit des saints la foi dévote et nette, Des croyants l'invincible espoir ; En vous de Jésus-Christ la charité parfaite Du monde brave le pouvoir. En vous le Père voit la splendeur de sa gloire, Le Saint-Esprit, sa volonté ; Le Fils y voit briller l'éclat de sa victoire : Dieu tout entier est exalté. Adorable Jésus, dont la gloire infinie Remplit tous les célestes chœurs, Daigne nous à jamais joindre à leur compagnie, Quoique inutiles serviteurs. \subsection{Pour les apôtres et les évangélistes \\ au temps pascal} \paragraph{À Vêpres et à Matines} Les apôtres en pleurs, et comblés de tristesse, Regrettoient ce maître adoré, Que l'impie attentat d'une race traîtresse Par un cruel trépas avoit défiguré. Un ange en consola de vertueuses dames : \og Quittez, leur dit-il, ce tombeau ; Allez en Galilée, et ce roi de vos âmes Y frappera vos yeux par un éclat nouveau. \fg Aux apôtres soudain elles courent le dire Avec un saint empressement, Et rencontrent ce Dieu pour qui leur cœur soupire, Comme il l'avoit promis, sorti du monument. Ses disciples à peine en ont la connoissance, Qu'ils vont en hâte au même lieu, Voir ce dernier effet de la toute-puissance, Qui ranime le corps de l'unique Homme-Dieu. Sauveur de tout le monde, en cette pleine joie Dont la Pâque remplit nos cœurs, Daigne si bien guider ton peuple dans ta voie, Que d'une mort funeste il échappe aux rigueurs. Gloire à toi, Rédempteur, et monarque suprême, Par toi-même ressuscité ! Même gloire à ton Père, au Saint-Esprit la même, Et durant tous les temps et dans l'éternité ! \paragraph{À Laudes} Pâques semble au soleil en faveur des apôtres Prêter de nouvelles splendeurs : Avec les yeux du corps, foibles comme les nôtres, D'un maître revivant ils ont vu les grandeurs. Ils ont vu dans sa chair l'ouverture des plaies, Ils l'ont sondée avec les doigts ; Son trépas étoit vrai, ces merveilles sont vraies : C'est ce que chacun d'eux publie à haute voix. Saisis-toi de nos cœurs, roi qui n'es que clémence, Et qui pour nous te fis mortel, Afin que notre zèle à ta haute puissance Rende avec allégresse un hommage éternel. Sauveur de tout le monde, en cette pleine joie Dont la Pâque remplit nos cœurs, Daigne si bien guider ton peuple dans ta voie, Que d'une mort funeste il échappe aux rigueurs. Gloire à toi, Rédempteur, et monarque suprême, Par toi-même ressuscité ! Même gloire à ton Père, au Saint-Esprit la même, Et durant tous les temps et dans l'éternité ! \subsection{Pour un martyr} \paragraph{À Vêpres et à Matines} Dieu, qui de tes soldats couronnes la victoire Et sers de prix à leurs hauts faits, En faveur du martyr dont nous chantons la gloire, Dégage-nous de nos forfaits. Il renonça du siècle aux honneurs périssables, Les regarda comme pollus\footnote{Pollués, souillés.}, Et goûte dans le ciel ces biens inépuisables Que tu dépars à tes élus. Il brava des tourments l'horreur la plus cruelle, Les souffrit avec un grand cœur ; Et son sang répandu pour ta gloire immortelle Lui gagne un immortel honneur. Écoute, ô Dieu bénin, notre cœur qui soupire ! Et, favorable à nos clameurs, Aujourd'hui qu'un martyr triomphe en ton empire, Pardonne à de pauvres pécheurs. Gloire au Père éternel ! Gloire au Fils ineffable ! Gloire a l'Esprit saint et divin ! Gloire à leur unité, dont l'essence immuable Règne sans bornes et sans fin ! \paragraph{À Laudes} Martyr, qui du grand Dieu suivant le Fils unique, Et son vrai disciple en ces lieux, Domptas tout ce qu'osa la fureur tyrannique Dont tu triomphes dans les cieux, Contre tous nos péchés daigne de tes prières Nous prêter le céleste appui ; De tout ce qui nous souille affranchis nos misères, Et soulage tout notre ennui. Détaché des liens de la terrestre masse, Tu vis dans l'éternel séjour : Détache-nous du siècle, et nous obtiens la grâce De mettre en Dieu tout notre amour. Gloire au Père éternel ! Gloire au Fils ineffable ! Gloire à l'Esprit saint et divin ! Gloire à leur unité, dont l'essence immuable Règne sans bornes et sans fin ! \subsection{Pour plusieurs martyrs} \paragraph{À Vêpres} Chantons des saints martyrs les mérites sur terre, La valeur aux combats, les triomphes aux cieux : C'est de tous les vainqueurs qu'ennoblisse la guerre Le genre le plus glorieux. Le monde avec horreur a regardé leur vie, Comme ils ont regardé le monde avec mépris ; Et ta route, ô grand Dieu, jusqu'à ton ciel suivie, De ton royaume a fait leur prix. Leur courage a bravé les gênes préparées ; Leur force a mis à bout la rage des tyrans ; L'ongle de fer leur cède, et leurs chairs déchirées Raniment le cœur des mourants. Comme innocents agneaux, ils souffrent tout sans plainte : On les brise, on les hache, ils n'en murmurent point ; Leur cœur s'en applaudit, et porte à chaque atteinte La patience au dernier point. Quelle plume, Seigneur, quelle voix peut décrire Ce que ta main apprête à ces dignes guerriers ? La pourpre de leur sang leur assure un empire, Et leur mort, d'immortels lauriers. Unique déité, daigne effacer nos crimes, Laver leur moindre tache, et nous donner ta paix, Afin qu'associés à ces pures victimes Nous t'en rendions gloire à jamais. \paragraph{À Matines} Que les dons éternels du monarque des anges, Les victoires de ses martyrs, Occupant notre bouche à de justes louanges, Épanouissent nos désirs. Le mépris des terreurs qu'épand la tyrannie, Et celui des gênes du corps, Les ont fait arriver à l'immortelle vie Par la plus heureuse des morts. Ils sont livrés aux dents des bêtes carnassières, On les abîme dans les feux ; Des plus cruels bourreaux les rages les plus fières Fondent et se lassent sur eux. On déchire leurs flancs, on sème leurs entrailles ; Et quand leur sang est répandu, Leur esprit en repos attend de ces batailles Le prix qu'il sait leur être dû. Adorable Jésus, dont la gloire infinie Remplit tous les célestes chœurs, Daigne nous à jamais joindre à leur compagnie, Quoique inutiles serviteurs. \paragraph{À Laudes} Toi qui mets tes martyrs au-dessus du tonnerre, Et couronnes tes confesseurs, Toi qui par le mépris des faux biens de la terre Rends d'inépuisables douceurs, Prête à nos voix, Seigneur, des oreilles propices, Donne à nos vœux de prompts effets : Nous chantons des martyrs les triomphants supplices, Pardonne à nos plus noirs forfaits. Tu vaincs en ces martyrs, et ta bonté fait grâce À ceux qui confessent ton nom : Tu vois de nos péchés quelle est l'impure masse, Triomphes-en par le pardon. Gloire au Père éternel ! Gloire au Fils ineffable ! Gloire à l'Esprit saint et divin ! Gloire à leur unité, dont l'essence immuable Règne sans bornes et sans fin ! \subsection{Pour un confesseur} \paragraph{À Vêpres et à Matines} Ce digne confesseur, dont le peuple en ces lieux Honore la mémoire et célèbre la fête, D'un empire aujourd'hui fit la sainte conquête, Et prit sa place dans les cieux, Tant qu'il vécut sur terre, on vit sa piété Par un divin accord s'unir à la prudence, Sa pudeur conspirer avec la tempérance, Son calme avec l'humilité. Autour de son tombeau les malades rangés Reçoivent chaque jour des guérisons soudaines, Et les maux les plus grands qui ravagent leurs veines Sont d'autant plus tôt soulagés. C'est donc avec raison que nos chœurs aujourd'hui Font résonner un hymne et des vœux à sa gloire, Afin que son mérite aide à notre victoire À monter au ciel après lui. Gloire à l'unique auteur de ce vaste univers ! Gloire, honneur et louange à sa bonté divine, Dont l'absolu vouloir gouverne la machine Du ciel, de la terre et des mers ! \subsection{Pour un confesseur pontife} \paragraph{À Laudes} Doux rédempteur de tout le monde, Sainte couronne des prélats, Daigne, par ta clémence en miracles féconde, Favoriser des vœux qu'on t'offre d'ici-bas. C'est en cette heureuse journée, Dont nous célébrons le retour, Qu'un prélat tout à toi vit sa course bornée Par le prix éternel qu'en reçut son amour. Pour avoir des biens périssables Rejeté les flatteurs attraits, Il en goûte aujourd'hui qui sont inexprimables, Et dont l'épanchement ne tarira jamais. Fais-nous, Seigneur, suivre ses traces, Imprimer nos pas sur les siens, Afin qu'à sa prière obtenant mêmes grâces, Nous puissions dans le ciel jouir des mêmes biens. Puissions-nous, ô roi débonnaire, Te rendre une gloire sans fin, Pareille et même gloire à ton céleste Père, Pareille et même gloire à l'Esprit tout divin ! \subsection{Pour un confesseur non pontife} \paragraph{À Laudes} Jésus, de notre foi la plus riche couronne Et la plus haute vérité, Qui pour prix des travaux qu'en t'aimant on se donne, Rends une heureuse éternité, Accorde en rédempteur aux vœux de l'assemblée, Par les mérites de ce saint, La grâce des péchés dont elle est accablée, Et brise les fers qu'elle craint. Ce jour que tous les ans sa fête renouvelle, Ce grand, ce digne jour nous luit, Où quittant de son corps la dépouille mortelle, Il monta dans un jour sans nuit. Pour avoir dédaigné tout ce que la nature Étale d'attrayant aux yeux, Et traité ses trésors et de fange et d'ordure, Il règne à jamais dans les cieux. À force d'adorer ta main qui nous gouverne, À force d'exalter ton nom, Il dompta hautement tout l'orgueil de l'Averne, Et les ministres du démon. Ce qu'il eut de vertu, ce qu'il eut de foi vive, Dans le rang de tes confesseurs, Pour fruit d'une abstinence heureusement craintive, Goûte d'éternelles douceurs. Daigne donc, ô grand Dieu, dont les bontés sublimes L'ont mis au nombre des élus, Remettre en sa faveur à l'excès de nos crimes Les châtiments qui leur sont dus. Louange à tout jamais au Père inconcevable ! Louange à son Verbe en tout lieu ! Louange à l'Esprit Saint, ainsi qu'eux ineffable, Qui n'est avec eux qu'un seul Dieu ! \subsection{Pour les vierges} \paragraph{À Vêpres et à Laudes} Jésus, des vierges la couronne, Que dans ses flancs sacrés une mère porta Qui vierge te conçut, et vierge t'enfanta, Reçois les humbles vœux dont notre cœur résonne. Parmi les lis que tu fais naître, Les vierges à l'envi te vont faire la cour ; En époux glorieux tu les remplis d'amour, Et ton céleste amour les récompense en maître. Partout elles suivent tes traces, Et la sainte candeur de leurs feux innocents Offre à ta gloire immense un éternel encens, À ton immense amour d'inépuisables grâces. Fais-nous par des faveurs nouvelles Épurer à tel point notre fragilité, Qu'élevés au-dessus de notre infirmité, Nous soyons à tes yeux chastes et saints comme elles. Honneur, vertu, gloire et louange Au Père, au Fils unique, à l'Esprit tout divin, Qui ne sont qu'une essence, et qui tous trois, sans fin, Régnent dans un séjour où jamais rien ne change ! \paragraph{À Matines} Fils d'une vierge pure, auteur de cette mère Qui vierge te conçut, vierge te mit au jour, Nous chantons d'une vierge et la mort et l'amour : Donne à nos chants de quoi te plaire. Elle fut, cette vierge, en deux façons heureuse : Son sexe étoit fragile, elle sut résister ; Son siècle étoit cruel, elle sut le dompter, Toujours forte et victorieuse. Elle voyoit aussi le trépas sans le craindre, Les tyrans sans frémir, les bourreaux sans horreur ; Et les flots de son sang que versa leur fureur Jusqu'au ciel la firent atteindre. Au nom de cette vierge exauce nos prières, Pardonne à nos péchés, purge ce qui vient d'eux, Afin qu'à tes autels notre zèle et nos vœux Te portent des âmes entières. Gloire au Père éternel, tout bon, tout saint, tout sage ! Gloire au Verbe incréé ! Gloire a l'Esprit divin, Qui procédant des deux, règne avec eux sans fin, Et veut de nous pareil hommage ! \subsection{Pour une sainte qui n'est ni vierge ni martyre} \paragraph{À Vêpres et à Laudes} Exaltons d'une femme forte Le courage viril, l'heureuse fermeté, Les victoires qu'elle remporte, Et qui font en tous lieux briller sa sainteté. De l'amour de son Dieu navrée, Elle prit en horreur le monde et ses plaisirs, Et par une route sacrée Elle parvint au ciel, où tendoient ses désirs. Les veilles furent ses délices, La fervente oraison fit ses plus doux festins, La charité ses exercices, Et ses jeûnes là-haut goûtent des mets divins. Grand Dieu, vertu des fortes âmes, Qui seul en celle-ci fis de si grands effets, Inspire-nous les mêmes flammes, Écoute nos soupirs, et lave nos forfaits. Gloire au Père, au Verbe ineffable, À l'Esprit tout divin, à leur sainte unité, À leur essence inconcevable, Et durant tous les temps et dans l'éternité ! \paragraph{À Matines} Au nom de cette sainte exauce nos prières, Pardonne à nos péchés, purge ce qui vient d'eux, Afin qu'à tes autels notre zèle et nos vœux Te portent des âmes entières. Gloire au Père éternel, tout bon, tout saint, tout sage ! Gloire au Verbe incréé ! Gloire à l'Esprit divin, Qui procédant des deux, règne avec eux sans fin, Et veut de nous pareil hommage ! \subsection{Pour la dédicace d'une église} \paragraph{À Vêpres et à Matines} Sainte Jérusalem, ville heureuse à jamais, Charmante vision de paix, Qui n'es bâtie au ciel que de pierres vivantes, Les anges, l'un de l'autre en ta faveur jaloux, Te font des couronnes brillantes, Et telles que l'épouse en attend de l'époux. Aussi le digne éclat que tu reçois des cieux T'offre si pompeuse à ses yeux, Qu'il te voit en épouse à son lit destinée : Tes places et tes murs sont d'un or épuré, Et toute leur structure ornée Des plus riches splendeurs dont son chef soit paré. Tes gonds et tes verrous de perles sont couverts ; Tes portes à battants ouverts Au vrai mérite seul en permettent l'entrée : C'est là qu'il introduit quiconque en ces bas lieux, En cette infidèle contrée, Endure pour le nom d'un Dieu, le Dieu des Dieux. Ces pierres qu'ici-bas polissent les tourments, Les gênes, les accablements, Prennent là des clartés à jamais perdurables : Le céleste ouvrier met chacune en son lieu, Et par des chaînes adorables Attache l'une à l'autre, et les unit en Dieu. Gloire, puissance, honneur et louange au Très-Haut, Au Fils, comme lui sans défaut, À l'Esprit tout divin, ainsi qu'eux ineffable ! Gloire, honneur et louange à leur sainte unité, À leur essence inconcevable, Et durant tous les temps et dans l'éternité ! \paragraph{À Laudes} Bienheureuse cité, le monarque éternel, Qui sauva l'homme criminel, Te sert de fondement et de pierre angulaire : De tes murs rayonnants il est la liaison, Et se fait le digne salaire De la foi qui sur terre enchaîne ta raison. Cette ville chérie, et toujours en faveur, Infatigable en sa ferveur, Résonne incessamment d'une musique sainte ; Et l'amoureux concert que font toutes ses voix Exalte en toute son enceinte Ces trois qui ne sont qu'un, et cet unique en trois. Ce temple la figure en portrait raccourci : Seigneur, daigne y loger aussi, Accorde cette grâce à nos humbles prières, Verse à grands flots sur nous ta bénédiction, Et par des faveurs singulières Rends-nous dignes un jour de ta sainte Sion. Qu'en ce temple chacun obtienne de ses vœux L'effet cent et cent fois heureux Qu'ont ici de tes saints mérité les souffrances : Admets-nous avec eux en ton divin séjour, Et fais-nous part des récompenses Qu'à leurs travaux finis prodigue ton amour. Gloire, puissance, honneur et louange au Très-Haut, Au Fils, comme lui sans défaut, À l'Esprit tout divin, ainsi qu'eux ineffable ! Gloire, honneur et louange à leur sainte unité, À leur essence inconcevable, Et durant tous les temps et dans l'éternité !