Que Dieu nous est propice à tous! Il est seul notre force, il est notre refuge, Il est notre soutien contre le noir déluge Des malheurs qui fondent sur nous. La terre aura beau se troubler : Quand nous verrions partout les roches ébranlées, Et jusqu'au fond des mers les montagnes croulées, Nous n'aurions point lieu de trembler. Que les eaux roulent à grand bruit, Que leur fureur éclate à l'égal du tonnerre, Que les champs soient noyés, les montagnes par terre Que l'univers en soit détruit : Leur fière impétuosité, Qui comble tout d'horreurs, comble Sion de joie, Et ne fait qu'arroser, alors que tout se noie, Les murs de la sainte cité. Dieu fait sa demeure au milieu, Dieu lui donne un plein calme en dépit des orages ; Et dès le point du jour, contre tous leurs ravages Elle a le secours de son Dieu. On a vu les peuples troublés, Les trônes chancelants pencher vers leur ruine : Dieu n'a fait que parler, et de sa voix divine Ils ont paru tous accablés. Invincible Dieu des vertus, Que ta protection est un grand privilège ! Quels que soient les malheurs dont l'amas nous assiège, Nous n'en serons point abattus. Venez, peuples, venez bénir Les prodiges qu'il fait sur la terre et sur l'onde : La guerre désoloit les quatre coins du monde, Et ce Dieu l'en vient de bannir. Il a brisé les arcs d'acier, Tous les dards, tous les traits, tous les chars des gendarmes, Et jeté dans le feu, pour finir vos alarmes, Et l'épée et le bouclier. Calmez vos appréhensions, Voyez bien qu'il est Dieu, qu'il est l'unique maître, Et que malgré l'enfer sa gloire va paroître Parmi toutes les nations. Encore un coup, Dieu des vertus, Que ta protection est un grand privilège ! Quels que soient les malheurs dont l'amas nous assiège, Nous n'en serons point abattus. Gloire aux Trois dont l'être est divin ! Gloire soit en tous lieux à leur unique essence ! Et telle qu'elle étoit lorsque tout prit naissance, Telle soit-elle encor sans fin ! \antienne Dieu l'assistera par ses regards : Dieu est au milieu d'elle, elle ne s'ébranlera point. \antienne Tels que sont des gens. \paragraph{Psaume LXXXVI} Le Seigneur a fondé sur les saintes montagnes Ce temple et ce palais qui s'élèvent aux cieux, Et tout ce qu'Israël a peuplé de campagnes N'a rien de si cher à ses yeux. Cité du Dieu vivant, cité pleine de gloire, Sion, où l'Éternel daigne dicter sa loi, Que pour faire à jamais honorer ta mémoire On dit partout de bien de toi! On y vient de Rahab, on vient de Babylone, Apprendre dans tes murs quelles sont ses bontês, Et les rois quitteront les douceurs de leur trône, Pour mieux y voir ses vérités. Elles y sont aussi toutes comme en leur source ; Et des bords étrangers, et du milieu de Tyr, Et de l'Éthiopie, où le Nil prend sa course, Ils y viennent se convertir. Sion, qui les voit tous s'habituer chez elle, Et comme nés chez elle aime à les regarder, Fait de son peuple et d'eux une cité fidèle, Qu'au Très-Haut il plaît de fonder. Dieu les écrira tous en son livre de vie : Ils ne mourront ici que pour revivre mieux ; Et cette heureuse loi qu'en terre ils ont suivie Les réunira dans les cieux. Du Seigneur cependant attachés à la voie, Dans les glorieux murs de la sainte cité, Tous marquent à l'envi par l'excès de leur joie Celui de leur félicité. Gloire au Père éternel, la première des causes ! Gloire au Verbe incarné ! Gloire à l'Esprit divin ! Et telle qu'elle étoit avant toutes les choses, Telle soit-elle encor sans fin ! \antienne Tels que des gens tous comblés de joie, tels sont ceux qui demeurent en vous, sainte mère de Dieu. \vv La grâce est répandue en vos lèvres. \rr C'est pourquoi Dieu vous a bénie à l'éternité. Notre Père, etc. (Tout bas) (L'absolution et les trois leçons sont après le troisième nocturne.) \subsection{Pour le 3\ieme nocturne} (Les trois psaumes suivants se disent le mercredi ct le samedi.) \antienne Réjouissez-vous, vierge Marie. \paragraph{Psaume XCV} Qu'on fasse résonner dans un nouveau cantique Les éloges du roi des rois : Formez, terre, à sa gloire un concert magnifique, Unissez-y toutes vos voix. Exaltez son grand nom, vantez ce qu'il opère, Faites-le bénir hautement : Annoncez chaque jour son digne salutaire, Annoncez-le chaque moment. Que toutes nations apprennent de vos bouches Ses merveilles et ses grandeurs ; Qu'il ne soit cœurs si durs, ni peuples si farouches Qui n'en admirent les splendeurs. À sa juste louange aucun ne peut atteindre, Aucun la porter assez haut : Par-dessus tous les dieux il est lui seul à craindre, Seul tout-puissant, seul sans défaut. Ce ne sont que démons, que les gentils adorent Sous un titre usurpé de dieux ; Et c'est l'unique Dieu que nos besoins implorent, Qui d'un mot a fait tous les cieux. La gloire et la beauté qui suivent sa présence Couronnent ses perfections ; La sainteté suprême et la magnificence Parent toutes ses actions. Portez donc au Seigneur, gentils, portez vous-mêmes De quoi lui rendre un plein honneur : Exaltez son grand nom par des respects suprêmes, Portez-y la bouche et le cœur. Entrez dedans son temple, et prenez les victimes, Pour les immoler au vrai Dieu : Adorez avec nous de ses grandeurs sublimes Le saint éclat en ce saint lieu. Que la terre s'émeuve à l'aspect de sa face, De l'un jusques à l'autre bout ; Et qu'elle fasse dire a toute votre race Que le Seigneur règne partout. Le monde qu'il corrige et remet dans la voie N'aura plus d'instabilité ; Et quelques jugements que sur tous il déploie, Ils n'auront que de l'équité. Qu'une allégresse entière en tous lieux épandue Remplisse la terre et les mers ; Que tout le ciel l'étale en sa vaste étendue ; Que tous les champs en soient couverts. Des bois même, des bois l'écorce et les feuillages Marqueront leurs ravissements, Comme s'ils avoient part à ces hauts avantages Qui naissent de ses jugements. Aussi jugera-t-il les vertus et les vices Selon la suprême équité, Et pas un ne doit craindre aucunes injustices Des règles de sa vérité. Gloire au Père éternel, la première des causes ! Gloire au Fils, à l'Esprit divin ! Et telle qu'elle étoit avant toutes les choses, Telle soit-elle encor sans fin ! \antienne Réjouissez-vous, ô vierge Marie, vous avez détruit vous seule toutes les hérésies dans tout le monde. \antienne Ayez agréable. \paragraph{Psaume XCVI} Enfin le Seigneur règne, enfin il a fait voir Son absolu pouvoir : Terre, fais voir ta joie en tes cantons fertiles, Et toi, mer, en tes îles. Quelque nuage épais qui de sa majesté Couvre l'immensité, L'heureux prix des vertus et la peine du vice Font briller sa justice. Le feu qui le précède et partout lui fait jour Se répand tout autour, Et de ses ennemis qu'enveloppe sa flamme Il brûle jusqu'à l'âme. Ses foudres éclatants ont semé l'univers De prodiges divers : On les vit sur la terre, on en vit ébranlées Montagnes et vallées. Les rochers les plus hauts fondirent devant Dieu, Comme la cire au feu, Et virent sous le bras qui lançoit le tonnerre Trembler toute la terre. Le ciel annonça lors à tous les éléments Ses justes jugements ; Et les peuples voyant ce qu'ils n'auraient pu croire, Reconnurent sa gloire. Soient confus à jamais les vains adorateurs Du travail des sculpteurs, Et cet impie orgueil qui rend de vrais hommages À de fausses images ! Anges, que dans le ciel vous vous faites d'honneur D'adorer le Seigneur ! Sion, que de douceurs, sitôt que ses merveilles Frappèrent tes oreilles ! Les filles de Juda dans toutes leurs cités Bénirent ses bontés ; Et tous ses jugements à leurs âmes ravies Semblèrent d'autres vies. Aussi, Seigneur, aussi vous êtes le Très-Haut, Et le seul sans défaut : Tous les dieux près de vous sont dieux aussi frivoles Que leurs froides idoles. Vous qui de son amour portez un cœur touché, Haïssez le péché : Dieu, qui hait les pécheurs, garantit l'âme sainte De leur plus rude atteinte. Sa bonté pour le juste aime à se déclarer, Elle aime à l'éclairer ; Et sur l'Homme au cœur droit les grâces qu'il déploie Ne répandent que joie. Justes, prenez en lui, prenez incessamment Un plein ravissement ; Et de sa sainteté consacrez la mémoire Par des chants à sa gloire. Gloire au Père éternel, au Fils, à l'Esprit-Saint, Que tout adore et craint ! Et telle qu'elle étoit avant l'ange rebelle, Telle à jamais soit-elle ! \antienne Ayez agréable, Vierge sacrée, que je publie vos louanges : donnez-moi de la vertu contre vos ennemis. \antienne Après l'enfantement. \paragraph{Psaume XCVII} Sion, encore un coup, par un nouveau cantique Des bontés du Seigneur bénis les hauts effets : Fais régner en tes murs l'allégresse publique, Pour les miracles qu'il a faits. Rien n'a pu te sauver que sa dextre adorable, Qui t'a fait un triomphe après tant de combats ; Et tu n'en dois enfin l'ouvrage incomparable Qu'à la sainteté de son bras. Son divin salutaire a paru dans le monde, Et dégagé la foi des révélations : Lui-même a dévoilé sa justice profonde À la face des nations. Il n'a point oublié quelle miséricorde Aux enfants d'Israël promit sa vérité : L'effet à la promesse heureusement s'accorde, On voit ce qu'on a souhaité. Oui, tout ce qu'a de bords l'un et l'autre hémisphère, Ceux où règne le jour, ceux où règne la nuit, Tout a vu du grand Dieu le sacré salutaire, Et les merveilles qu'il produit. Chantez, peuples, chantez, et par toute la terre Exaltez la vertu de son bras tout puissant : Montrez par votre joie au maître du tonnerre L'effort d'un cœur reconnoissant. N'épargnez point les luths à votre psalmodie ; De la plus douce harpe ajustez-y les tons ; Joignez-y l'éclatante et forte mélodie Des trompettes et des clairons. À l'aspect du Seigneur éclatez d'allégresse : Que la mer en résonne en tout son vaste enclos ; Et que la terre entière avec chaleur s'empresse À mieux retentir que ses flots. Les fleuves suspendront leurs courses vagabondes, Pour applaudir au roi qui nous vient protéger ; Les montagnes suivront l'exemple de tant d'ondes, Voyant comme il vient tout juger. Aussi jugera-t-il les vertus et le vice Sur la justice même et la même équité, Sans faire soupçonner de la moindre injustice Sa plus haute sévérité. Gloire au Père éternel, la première des causes ! Gloire au Verbe incarné ! Gloire à l'Esprit divin ! Et telle qu'elle étoit avant toutes les choses, Telle soit-elle encor sans fin ! \antienne Après l'enfantement vous êtes demeurée vierge sans tache : mère de Dieu, intercédez pour nous. \vv La grâce est répandue en vos lèvres. \rr C'est pourquoi Dieu vous a bénie à toute éternité. Notre Père, etc. (Tout bas) \paragraph{Absolution} Que par les prières et les mérites de la bienheureuse Marie toujours vierge, et de tous les saints, le Seigneur nous fasse parvenir au royaume des cieux. \rr Ainsi soit-il. \vv Donnez-moi votre bénédiction. {\sc Bénédiction}~~~~Que la vierge Marie avec son fils tout débonnaire nous bénisse. \rr Ainsi soit-il. \paragraph{Leçon 1 (en l'Ecclésiastique XXIV)} J'ai cherché le repos partout, et résolu d'arrêter ma demeure en l'héritage du Seigneur. Alors le créateur de tous m'a honorée de ses commandements et de son entretien, et celui-là même qui m'a créée s'est reposé en mon tabernacle, et m'a dit : \og Habitez au dedans de Jacob, prenez votre partage héréditaire en Israël, et enracinez-vous parmi ceux que j'ai choisis. \fg \vv Quant à vous, Seigneur, avez pitié de nous. \rr Rendons grâces à Dieu. \rr Sainte et immaculée virginité, je ne sais point de louanges assez hautes pour vous honorer. * Car vous avez porté dans votre sein celui que les cieux ne pouvaient contenir. \vv Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de votre ventre est béni. * Car vous avez... \vv Donnez-moi votre bénédiction. {\sc Bénédiction} Que la vierge des vierges intercède elle-même pour nous. \rr Ainsi soit-il. \paragraph{Leçon 2} C'est ainsi que je me suis affermie en Sion, et c'est en cette manière que j'ai pris mon repos en la ville sanctifiée, que ma puissance est en Jérusalem, et que j'ai pris racine chez un peuple comblé d'honneur ; son héritage est du partage de mon Dieu, et ma demeure est en la plénitude des saints. \vv Quant à vous, Seigneur, avez pitié de nous. \rr Rendons grâces à Dieu. \rr Vous êtes bienheureuse, vierge Marie, qui avez porté le Seigneur qui a créé le monde. * Vous avez engendré celui qui vous a faite, et demeurez vierge à toute éternité. \vv Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. * Vous avez engendré... \vv Gloire soit au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. * Vous avez engendré... \vv Donnez-moi votre bénédiction. {\sc Bénédiction} Que le Seigneur nous donne le salut et la paix par la vierge mère. \rr Ainsi soit-il. \paragraph{Leçon 3} J'ai crû aussi haut qu'un cèdre au Liban, et qu'un cyprès en la montagne de Sion. J'ai crû comme un palmier en Cadès, et comme un plant de roses en Hiérico. J'ai crû comme les plus beaux oliviers en la campagne, et comme un plane\footnote{Plane, platane.} sur le bord des eaux. Dans les places publiques j'ai rendu une odeur pareille à celle de la cannelle et du baume aromatique, et répandu une senteur aussi agréable que celle de la myrrhe choisie. \vv Quant à vous, Seigneur, avez pitié de nous. \rr Rendons grâces à Dieu. \paragraph{Hymne de saint Ambroise et de saint Augustin} Nous te louons, Seigneur, nous t'avouons pour maître ; La terre en fait autant de l'un à l'autre bout, T'adore comme auteur et soutien de son être, Comme père éternel, et créateur de tout. Les amoureux concerts de la troupe angélique, Les puissances des cieux ne chantent que ce mot, Chérubins, séraphins n'ont que cette musique : \og Saint, saint, et trois fois saint le Dieu de Sabaoth ! \fg Ta gloire ainsi sur terre et dans le ciel résonne. Apôtres et martyrs, qu'en revêt un rayon, Prophètes, confesseurs, que ta main en couronne, Tout bénit à l'envi, tout exalte ton nom. Ton Église ici-bas, une, sainte, infaillible, Et du Père, et du Fils, et de l'Esprit divin Vante l'immensité, l'essence indivisible, Le pouvoir sans limite, et le règne sans fin. Ô Jésus, roi de gloire et rédempteur du monde, Fils avant tous les temps de ce Père éternel, Qui t'enfermas au sein d'une vierge féconde, Pour rendre l'innocence à l'homme criminel ; L'aiguillon de la mort brisé par ta victoire T'a laissé nous ouvrir les royaumes des cieux. À la dextre du Père on t'y voit dans ta gloire, D'où tu viendras un jour juger tous ces bas lieux. Daigne donc secourir ces faibles créatures, Qu'il t'a plu sur la croix racheter de ton sang ; Et dans le clair séjour de tes lumières pures Fais-leur parmi tes saints mériter quelque rang. Sauveur, sauve ton peuple, et sur ton héritage Verse à larges torrents tes bénédictions ; Gouverne, guide, élève à l'éternel partage Nos pensers, nos discours, nos vœux, nos actions. Chaque jour nous t'offrons un tribut de louanges : C'est pour les entonner qu'on nous voit nous unir, C'est pour bénir ton nom : souffre qu'avec tes anges À toute éternité nous puissions le bénir. Surtout, durant le cours de toute la journée, Préserve-nous de tache, et tiens-nous sans péché. Prends pitié des malheurs dont notre âme est gênée, Prends pitié des périls où l'homme est attaché. Fais que cette pitié réponde à l'espérance Qu'a mise en tes bontés notre esprit éperdu : Seigneur, j'y mets encor toute mon assurance, Et quiconque l'y met n'est jamais confondu.