\section{À Vêpres} Je vous salue, Marie, etc. Ô grand Dieu, de qui tout procède, etc.\footnote{Voir ci-dessus, page \pageref{ogranddieu}} Louez le Seigneur. \antienne Lorsque le Roi. \paragraph{Psaume CIX} Le Seigneur vient de dire à son Verbe ineffable, Qui n'est pas moins que lui mon souverain Seigneur : \og Viens te seoir à ma dextre, et rends-toi redoutable Par ce dernier comble d'honneur. \og Cependant mon courroux aura soin de descendre Sur ceux qui t'accabloient de leurs inimitiés ; J'en confondrai l'audace, et je saurai les rendre Tels qu'un escabeau sous tes pieds. \og Je ferai de Sion partir l'éclat suprême Du sceptre universel qu'à tes mains j'ai promis : Comme je règne au ciel, tu régneras de même Au milieu de tes ennemis. \og Au jour de ta vertu tu leur feras connoître, Par les saintes splendeurs de tes droits éclatants, Que mes regards féconds de mon sein t'ont fait naître Avant la naissance des temps. \og Je te l'ai trop juré pour m'en vouloir dédire : Selon Melchisédech tu seras prêtre et roi, Et je joindrai moi-même un éternel empire Au sacrifice offert par toi. \fg Oui, Seigneur, oui, grand Dieu, ce divin salutaire, Qui se sied à ta dextre et nous donne tes lois, Viendra briser lui-même, au jour de sa colère, Les plus fermes trônes des rois. Parmi les nations ces lois autorisées Feront tant de ruine et de tels châtiments, Qu'en mille et mille lieux les têtes écrasées Publieront ses ressentiments. L'eau trouble du torrent lui servit de breuvage, Tant qu'il lui plut traîner son exil ici-bas, Et sa gloire en reçoit d'autant plus d'avantage, Que rudes furent ses combats. Gloire au Père éternel, la première des causes ! Gloire au Verbe incarné ! Gloire à l'Esprit divin ! Et telle qu'elle étoit avant toutes les choses, Telle soit-elle encor sans fin ! \antienne Lorsque le Roi étoit assis sur son lit, ma boite de nard a répandu une odeur de suavité. \antienne Sa gauche. \paragraph{Psaume CXII} Enfants, de qui les voix à peine encor formées Ne font que bégayer, C'est à louer le nom du Seigneur des armées Qu'il les faut essayer. Que ce nom soit béni dans toute l'étendue Que les siècles auront ; Que la gloire en soit même au delà répandue De ce qu'ils dureront. De climat en climat, ainsi que d'âge en âge, Il est à respecter ; Et du nord au midi, de l'Inde jusqu'au Tage, Il le faut exalter. Sa gloire, qui s'élève au-dessus des monarques, Est seule sans défaut : Bien qu'on en voie au ciel éclater mille marques, Elle est encor plus haut. Quel roi fait sa demeure au-dessus du tonnerre, Comme ce Dieu des Dieux, Qui voit de haut en bas et tout ce qu'a la terre, Et tout ce qu'ont les cieux ? Il dégage le pauvre, et la pauvreté même, Du plus épais bourbier ; Et tire le plus vil, par son pouvoir suprême, Du plus sale fumier. Il les place lui-même à côté de leurs princes, Parmi les potentats ; Il leur donne lui-même à régir leurs provinces, Et régler leurs États. Il fait plus, il répand sur la femme stérile La joie et le bonheur, Et faisant de sa couche une terre fertile, Il la met en honneur. Gloire à ton Fils et toi, Père, cause des causes ! Gloire à l'Esprit divin ! Telle encor maintenant qu'avant toutes les choses, Et telle encor sans fin ! \antienne Sa gauche passera sous ma tête, et sa droite m'embrassera. \antienne Je suis noire. \paragraph{Psaume CXXI} Ô l'heureuse nouvelle ! etc.\footnote{Voir ci-dessus, page \pageref{quellejoie}.} \antienne Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem : c'est pourquoi le Roi m'a aimée, et m'a fait entrer dans sa chambre. \antienne L'hiver est déjà passé. \paragraph{Psaume CXXVI} Que sert tout le pouvoir humain ? etc.\footnote{Voir ci-dessus, page \pageref{quesert}.} \antienne L'hiver est déjà passé, la pluie s'est écoulée et retirée : levez-vous, ma bien-aimée, et venez. \antienne Vous êtes devenue belle. \paragraph{Psaume CXLVII} Louez, Jérusalem, louez votre Seigneur ; Montagne de Sion, exaltez votre maître, Honorez-le de bouche, adorez-le de cœur : C'est de lui que vous tenez l'être. De vos portes c'est lui qui soutient les verrous, C'est lui qui dans vos murs tient tout en assurance ; Il y bénit vos fils, il les y comble tous De richesses et d'abondance. Par lui de tant de vœux la paix est le doux fruit, Par lui de vos confins elle s'est ressaisie ; Du blé le mieux nourri que la terre ait produit C'est lui seul qui vous rassasie. Pour le faire obéir dans les plus grands États, Il n'a du haut des cieux qu'à dire une parole : Ses ordres sont portés aux plus lointains climats Plus vite qu'un oiseau ne vole. C'est lui seul qui répand la neige à pleines mains, Comme flocons de laine il l'oblige à descendre ; La bruine à son choix s'épart sur les humains, Comme s'épartiroit la cendre. En perles de cristal que lui-même endurcit, Il sème la froidure et laisse choir la glace ; Et quand cette froidure une fois s'épaissit, Qui peut tenir devant sa face ? D'un seul mot qu'il prononce il la résout en eaux : À peine il a parlé qu'elle devient liquide, Et d'un souffle il la fait couler à gros ruisseaux À travers la campagne humide. Il choisit Israël pour lui donner sa loi Il lui daigne lui-même annoncer ses justices : C'est de lui qu'il se plaît à se dire le roi, Et recevoir les sacrifices. Il n'en fait pas de même à toutes nations : Non, ce n'est pas ainsi qu'avec tous il en use ; Et de ses jugements les saintes notions Sont des grâces qu'il leur refuse. Gloire au Père, à son Verbe, à l'Esprit tout divin ! Gloire soit en tous lieux à leur unique essence ! Telle encor maintenant, et telle encor sans fin, Qu'avant que tout eût pris naissance ! \antienne Vous êtes devenue belle, et pleine d'une admirable douceur dans vos délices, ô sainte mère de Dieu. \paragraph{Capitulum (Ecclésiastique, XXIV)} J'ai été formée dès le commencement et avant les siècles, et je ne cesserai jamais d'être ; et j'ai servi en sa présence dans la demeure sainte. \rr Rendons-en grâces à Dieu. \paragraph{Hymne} Étoile de la mer, mère du Tout-Puissant, Toujours vierge, toujours étoile sans nuage, Porte du ciel ouverte au pécheur gémissant, Reçois notre humble hommage. De nous, comme de l'ange, accepte ce salut ; Et dans une paix sainte affermissant notre âme, Change l'impression que notre sang reçut De la première femme. Des captifs du péché romps les tristes liens, Aux esprits aveuglés rends de vives lumières, Chasse loin tous les maux, obtiens-nous tous les biens, Vierge, par tes prières. Montre de pleins effets du pouvoir maternel : Fais qu'à remplir nos vœux cet Homme-Dieu s'applique, Qui pour rendre la vie à l'homme criminel Naquit ton fils unique. Ô Vierge sans pareille en clémence, en bonté, Fais-lui de tous nos cœurs d'agréables victimes ; Verses-y ta douceur, joins-y ta chasteté, Et lave tous nos crimes. Épure notre vie, enflamme notre esprit ; Du ciel par ton suffrage assure-nous la voie, Et fais-nous y goûter près de ton Jésus-Christ Une éternelle joie. Gloire, louange, honneur et puissance au Très-Haut ! Gloire, honneur et louange à sa parfaite image ! Gloire à l'Esprit divin, ainsi qu'eux sans défaut ! À tous trois même hommage! \vv La grâce est répandue en vos lèvres. \rr C'est pourquoi Dieu vous a bénie à l'éternité. \antienne Mère bienheureuse. \paragraph{Cantique de la Sainte Vierge (en saint Luc, I)} Après un si haut privilège Dont il plaît au Seigneur de me gratifier, Je me dois toute entière à le magnifier, Et mon silence ingrat seroit un sacrilège. Quand même je voudrois me taire, Un doux emportement parleroit malgré moi ; Et cet excès d'honneur m'est une forte loi D'épanouir mon âme en Dieu, mon salutaire. Il a regardé ma bassesse, Il a du haut des cieux daigné s'en souvenir ; Et depuis ce moment tout le siècle à venir Publiera mon bonheur par des chants d'allégresse. La merveille tant attendue De son pouvoir en moi fait voir l'immensité ; Et je dois de son nom bénir la sainteté, Dont la vive splendeur sur moi s'est répandue. De sa miséricorde sainte L'effort de race en race enfin tombe sur nous : Il en fait part à ceux qui craignent son courroux, Et je porte le prix d'une si digne crainte. Son bras a montré sa puissance : Les projets les plus vains, il les a dispersés ; Les desseins les plus fiers, il les a renversés, Et du plus haut orgueil abattu l'insolence. Les plus invincibles monarques Se sont vus par sa main de leur trône arrachés ; Et ceux que la poussière avoit tenus cachés Ont reçu de son choix les glorieuses marques. Par des faveurs vraiment solides Il a rempli de biens ceux que pressoit la faim ; Et ceux qui puisoient l'or chez eux à pleine main, Sa juste défaveur les a renvoyés vides. C'est ce qui nous donne assurance Qu'il a pris Israël en sa protection, Et n'a point oublié la grâce dont Sion Avoit droit de flatter son illustre espérance. Il la promit avec tendresse, Abraham et ses fils en eurent son serment : Tout ce qu'il leur jura paroît en ce moment, Et ce miracle enfin dégage sa promesse. Gloire au Père, cause des causes ! Gloire au Verbe incarné ! Gloire à l'Esprit divin ! Telle encor maintenant, et telle encor sans fin, Qu'elle étoit en tous trois avant toutes les choses ! \antienne Mère bienheureuse, et vierge immaculée, glorieuse reine du monde, intercédez pour nous envers le Seigneur. \vv Seigneur, écoutez ma prière. \rr Et que mes clameurs aillent jusqu'à vous. \paragraph{Oraison} Seigneur, nous vous prions d'accorder à vos serviteurs une santé perpétuelle de l'esprit et du corps, et que par la glorieuse intercession de la bienheureuse Marie toujours vierge, ils soient délivrés de la tristesse présente, et jouissent un jour de l'allégresse éternelle. Par Jésus-Christ notre Seigneur. \rr Ainsi soit-il. \paragraph{Antienne pour les saints} Saints de Dieu, daignez tous intercéder pour notre salut et pour celui de tous. \vv Justes, rejouissez-vous au Seigneur, et montrez-vous remplis d 'allégresse. \rr Et que tous ceux qui ont le cœur droit se glorifient en lui. \paragraph{Oraison} Seigneur, protègez votre peuple, qui se confie en l'intercession de saint Pierre et de saint Paul, et de vos autres apôtres, et conservez-le par une défense perpétuelle. Nous vous supplions, Seigneur, que tous vos saints nous assistent partout, afin que cependant que nous renouvelons ici-bas la mémoire de leurs mérites, nous ressentions les effets de leur protection auprès de vous. Accordez la paix à nos jours, repoussez de votre Église toute sorte de méchanceté : disposez notre démarche, nos actions, nos volontés, et celles de tous vos serviteurs, dans la prospérité du salut qui vient de vous ; donnez des biens éternels pour rétribution à nos bienfaiteurs ; et accordez le repos éternel à tous les fidèles défunts. Nous vous en conjurons par Jésus-Christ notre Seigneur. \rr Ainsi soit-il. \vv Seigneur, écoutez ma prière. \rr Et que mes clameurs aillent jusqu'à vous. \vv Bénissons le Seigneur. \rr Rendons grâces à Dieu. \vv Que les âmes des fidèles reposent en paix par la miséricorde de Dieu . \rr Ainsi soit-il.